LE MOT DE SERGE

C'est une vie 
Une vie d'envie
Solitaire à plusieurs 
J'y ai mis tout mon cœur 
Ceux qui m'aiment 
Sont les mêmes 
Et depuis si longtemps fidèles 
Qui m'ont laissé battre des ailes 
Qui m'ont laissé battre du cœur 
Qui m'ont jeté parfois des fleurs 
Parfois m'ont corrigé de larmes 
Ma voix, mes bras lancés, mes armes 
Mon regard, geste de mon âme 
Mon regard, reflet de ma flamme 
Oui tout cela vous appartient 

Sans peur j'abordais tous les thèmes 
Pas dans les clous, parfois scabreux
Pas dans le vent, jadis en creux
Toujours pris entre deux baisers 
Non tranquille, non apaisé 
L'homme qui cherchait le miracle 
Quasiment à chaque spectacle 
L'homme de feu, celui de larmes 
Qui ne rendait jamais les armes 

Étant l'homme blessé 
Je fus l'homme pressé 
L'homme qui court après son nombre
De spectateurs, l’homme au tant d'ombres 
L’homme de joie, l'homme qui souffre 
Celui toujours entre deux gouffres 
L'homme d'ennui et de soleil 
Aimant ce qui n'est pas pareil 
Ce sort du lot des mots d'encre 
Qui si difficilement s'ancrent

Je n'étais pas fait pour le son
Mais pour musiques sur paroles
Mes mots sous les belles musiques
Yves et Alice, élans cosmiques
J'étais d'une autre époque, oui
Au large du "bel aujourd'hui"
De Mallarmé qui nous étrangle
Et qui nous serre dans sa sangle
Qu'on rappe donc ces quelques vers
Et qu'on éteigne l'univers
Des mots d'hier, des mots savants
Dont Brassens s'emparait souvent
Dont Brel brandissait l'étendard
Dont Ferré faisait son drapeau
Le français me crève le cœur
Mignonne allons voir si la fleur ?

J'étais fou furieux je l'avoue
Sans doute pour l'amour de vous
Peut-être par besoin d'aimer
D'être de bravos parfumé
D'aller au bout de quelque chose
Plus fort que les vers, que la prose
Une liberté idéale
Ô public ! Je fus ton féal
Et ton fol serviteur zélé
Toujours à chercher qui il est
Toujours à courir autre part
Atteindre le sommet d'un art
Que j'ai touché mais sur le tard

Cet homme-là oui je le fus 
Je m'arrête, je suis repu
C'est l'heure, j'ai quatre-vingts ans 
J'ai tout donné quand l'œil luisant 
J'affrontais des foules énormes 
Le temps m'installe dans ses normes 
Je l'accepte bon gré mal gré 
En humble artisan, sans regrets 
Comme un paysan j'ai creusé
Mon champ de larmes arrosé
Toujours ouvert vers l’horizon
Et ce fut ma juste moisson

Serge Lama

Serge Lama

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